En octobre 2014, le gouvernement suédois a déclaré qu'il envisageait de reconnaître la Palestine. Ce pas a déjà été franchi par une vingtaine d'États européens et la quasi-totalité des pays non occidentaux.
Le 13 octobre, le parlement du Royaume-Uni a voté une motion proposant de faire de même par 274 voix contre 12. Cette motion ne lie pas le gouvernement britannique, mais elle constitue un signal parlementaire clair en faveur de la fin de l'occupation et des annexions israéliens de territoires palestiniens. À Londres, le président conservateur de la commission des Affaires étrangères a dit avant le vote qu'il a soutenu Israël «dans les bons comme dans les mauvais jours» mais que sa colère est telle devant le comportement d'Israël ces derniers mois qu'il ne s'opposerait pas à la motion. Il a ajouté : «Il faut que je dise au gouvernement israélien que, s'ils perdent des gens comme moi, ils vont en perdre beaucoup d'autres» (1).
Ces mouvements suédois et britanniques sont unilatéraux et sans conséquences en droit international, mais cela ne les empêche pas d'avoir une portée symbolique. Que le parlement britannique ose s'opposer aux États-Unis sur un sujet qui tient tant à cœur aux Américains est révélateur.
Pour qu'un pays ait le statut d'État, il lui faut un territoire, une population et un gouvernement souverain (2). Ce pays peut être reconnu ou non par d'autres États, c'est sans importance : certains gouvernements ont différé la reconnaissance de l'Union soviétique et de la Chine populaire pendant des années, mais cela n'empêchait pas ces deux pays d'être des États.
(1) «The Case for recognising Palestine as a state — Ireland should follow Sweden», The Irish Times, 16 octobre 2014.
(2) Voir Pierre Jaquet, L'État palestinien face à l'impuissance internationale, L'Harmattan, 2013, pp. 24-26.