C'est depuis le 10 juin 1967 que l'armée israélienne occupe militairement la Palestine et le Golan syrien, ce qui fait du conflit israélo-palestinien l'un des conflits armés les plus longs de l'histoire de l'humanité. La seule guerre qui le batte en longueur est celle de Cent Ans, qui a opposé les rois de France et d'Angleterre entre 1337 et 1453 (1).
Les deux propositions faites pour mettre un terme à ce conflit sans fin sont la solution des deux États et celle d'un État israélo-palestinien unique.
Dans les deux cas, il faut que l'armée israélienne quitte définitivement le territoire de la Palestine, ce qu'elle a de toute manière l'obligation de faire en vertu du principe de l'inadmissibilité de l'acquisition de territoire par la guerre — rappelé dans la Résolution 242 et d'autres textes des Nations Unies — mais les dirigeants israéliens refusent de se retirer de la Palestine. C'est un premier problème.
Un second problème est que les colonies israéliennes ont transformé la Palestine en un éparpillement de territoires minuscules, non viables en tant que pays. Israël a l'obligation légale de restituer ces territoires à la Palestine (voir La colonisation et le droit international), mais les dirigeants israéliens refusent aussi de le faire, en tout cas pour les principales d'entre elles (Ariel, Maale Adumim, Gush Etzion,...).
Cette situation de blocage a donné de la force à l'idée d'un État binational unique qui regrouperait Israël et la Palestine, mais il est pratiquement certain que la population juive d'Israël ne l'accepterait pas, cela parce qu'elle se retrouverait en minorité dans ce nouvel État. Autrement dit, cette solution mettrait fin à Israël en tant que nation juive.
Cela s'explique par le fait que la population non juive croît plus vite que la population juive, qui est en voie de se trouver minoritaire dans la Palestine historique (Israël et Palestine actuelle). Des incertitudes statistiques font qu'on ne sait pas si c'est déjà le cas ou si c'est pour bientôt (vers 2016-2018), mais, de toute manière, le basculement est en cours (2).
Cela étant, il paraît clair que la solution des deux États demandée par les Nations Unies reste la seule réaliste, ou, plus exactement, la moins irréaliste.
(1) Mais il faudrait citer aussi des guerres non reconnues comme telles comme la «découverte de l'Amérique», qui est en réalité l'invasion de l'Amérique. Ainsi, le conflit contre les peuples qui vivaient sur le territoire des futurs États-Unis a duré 377 ans (1513-1890). Voir P. Jaquet, États-Unis: Une politique étrangère criminelle, Alphée, Monaco, 2010, pp. 5-16.
(2) D. Christiansen et R. Aldajani, «A demographic time bomb in the Middle East», National Catholic Reporter, 5 janvier 2015.