La lutte des Palestiniens contre leurs occupants est justifiée par le principe du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes qui se trouve dans la Charte des Nations Unies, qui proclame le principe «de l'égalité de droits des peuples et de leur droit à disposer d'eux-mêmes» (art. 1.2), ainsi que dans l'article 1 commun du Pacte international relatif aux droits civils et politiques et du Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels: «Tous les peuples ont le droit de disposer d'eux-mêmes». Israël a ratifié ces deux traités en 1991.
De son côté, la Cour internationale de justice l'a rappelé en 2004 dans l'affaire du Mur: «S'agissant du principe du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, la Cour observera que l'existence d'un "peuple palestinien" ne saurait plus faire débat» (§ 118).
Du point de vue du droit international, le droit des Palestiniens à disposer d'eux-mêmes est donc établi, ce qui veut dire que l'obligation d'Israël de se retirer de la Palestine ne fait aucun doute. C'est d'autant plus clair qu'Israël est membre des Nations Unies et a ipso facto l'obligation de se conformer à la Charte.
Le fait que le gouvernement israélien refuse de se retirer de la Palestine au nom d'arguments sécuritaires est sans justification: que les quelques milliers de Palestiniens qui commettent des attentats contre des civils israéliens soient des criminels, cela ne fait légalement pas de doute, mais cela ne change rien au fait que les quatre millions et demi d'habitants de la Palestine ont le droit de disposer d'eux-mêmes.
Des activistes anti-palestiniens comme Newton Gingrich, ancien président de la Chambre des représentants des États-Unis (1), opposent à cela que les Palestiniens seraient un peuple «inventé» qui «est en fait arabe» (2), mais ces paroles n'ont pas de sens: l'article 1 commun parle de «tous les peuples». Il n'est pas question de «tous les peuples sauf les peuples arabes». Quant à la notion de peuple «inventé», elle n'a aucune existence en droit international: même si le peuple palestiniens l'était, inventé, il aurait exactement le même droit à disposer de lui-même que les peuples «non inventés».
Newton Gingrich n'explique pas non plus en quoi le conflit israélo-palestinien a un rapport avec le fait que le peuple palestinien «est en fait arabe». Lui-même appartient à un peuple qui «est en fait anglo-saxon», et qu'est-ce qu'on est censé faire de cette constatation ? On n'en sait rien.
(1) Aux États-Unis, c'est le troisième personnage de l'État, après le président et le vice-président.
(2) Phoebe Greenwood, «Newt Gingrich condemned for calling Palestinians 'terrorists'», The Guardian, 11 décembre 2011. Voir aussi Pierre Jaquet, L'État palestinien face à l'impuissance internationale, L'Harmattan, 2013, pp. 61-62.