L'Europe, les colonies et les avant-postes

L'Union européenne a adopté le 18 janvier 2016 à l'unanimité de ses 28 membres une résolution en faveur de la solution des deux États dans laquelle elle critique la colonisation. 

Le communiqué de presse dit ceci: «Rappelant que les implantations sont illégales au regard du droit international, qu'elles constituent un obstacle à la paix et qu'elles menacent de rendre impossible la solution fondée sur la coexistence de deux États, l'UE répète qu'elle est fermement opposée à la politique d'implantation que mène Israël et aux mesures prises dans ce cadre, telles que la construction de la barrière de séparation au-delà de la ligne de 1967, les démolitions et les confiscations — notamment de projets financés par l'UE — les expulsions, les déplacements forcés, y compris de Bédouins, les colonies de peuplement sauvages et les restrictions en matière de déplacement et d'accès» (§ 7).

Cette déclaration de principe est claire, mais il en va tout autrement des mesures concrètes qui sont proposées: l'Union européenne engage «Israël à mettre fin à toute activité d'implantation et à démanteler tous les avant-postes érigés depuis mars 2001, conformément à ses obligations antérieures» (§ 7). 

Selon le Larousse, un avant-poste est un détachement qu'une troupe en station dispose en avant pour la prémunir contre toute surprise. On est loin de la définition d'une colonie. Le droit international est pourtant clair: ce sont toutes les implantations israéliennes en Palestine créées depuis 1967 — et pas seulement les avant-postes récents — qui sont illégales. Ces implantations violent plusieurs dispositions fondamentales, en particulier les articles 43, 46 et 55 du règlement de la Haye et l'article 49 de la quatrième convention de Genève (voir La colonisation et la Cour pénale internationale II).

Que dit l'Union européenne dans son communiqué ? 

  • Les implantations sont illégales et l'UE y est opposée.
  • Toutefois, toutes les implantations qui datent d'avant mars 2001 peuvent être conservées par Israël.
  • Les implantations créées après mars 2001 peuvent également être conservées par Israël, sauf celles qui constitueraient des postes d'observation avancés de l'armée. 

Or aucune implantation civile ne répond à la définition d'un avant-poste. Autrement dit, demander de démanteler les avant-postes, c'est à peu de choses près demander de ne rien démanteler du tout. 

On retrouve la logique que le dessinateur Chappatte avait exposée dans l'un de ses dessins de presse. On y voit le premier ministre Netanyahu et le ministre des Affaires étrangère Lieberman qui discutent ensemble. Netanyahu dit: «Le monde entier nous condamne», et Lieberman répond: «...à rien du tout». 


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