Où mène la guerre au Moyen-Orient (I) ?

Obama est beaucoup critiqué pour sa politique extérieure jugée trop prudente. Par exemple, le Jerusalem Post parle de sa «couardise» (spinelessness) et de son «amoralité insipide et timorée» (bland, milquetoast amorality) (1). 

Ce qui frappe, dans ces commentaires, c'est que la guerre est considérée comme une meilleure solution que la diplomatie aux problèmes du Moyen-Orient. C'est par exemple ce qu'écrit Aviel Bensabat, président de la commission Jeunesse du parti Les Républicains: «Obama n'a pas saisi l'importance d'une guerre. Souhaiter régler les conflits par la diplomatie c'est bien, prendre le temps d'agir c'est mieux» (2). 

L'idée est apparemment que les choses se seraient mieux passées en Syrie si la proposition du président Hollande d'attaquer le pays en août 2013 avait été suivie d'effet. Mais il y a un problème avec cette idée : si Hollande avait été écouté, la situation actuelle serait-elle meilleure ou pire que celle qu'on connaît ? On n'en sait absolument rien. 

Niccolò Machiavelli (Nicolas Machiavel) était un observateur compétent des nombreux conflits qui bouleversaient l'Italie au tournant du XVe et du XVIe siècle, et il l'avait déjà relevé: «On est le maître de commencer la guerre et non de la faire finir» (3). C'est une constatation d'évidence, mais les va-t-en-guerre devraient toujours la prendre en compte dans leurs plans.

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Les guerres sont des boîtes de Pandore: quand on les déclenche, on libère toutes les horreurs qui vont avec. Faire retourner ces horreurs dans la boîte est autrement plus difficile. 

À ce sujet, un livre m'a profondément marqué : Jörg Friedrich, Brandstätten: Der Anblick des Bombenkriegs, Propyläen, 2003. Cet ouvrage contient de nombreuses photographies qui montrent ce qui est arrivé aux villes et aux civils allemands bombardés par l'aviation anglo-américaine pendant la deuxième guerre mondiale, mais on peut lui donner une valeur universelle. Quand on a lu ce livre et vu ces images, on ne peut que devenir extrêmement circonspect au sujet des guerres.

(1) Shmuel Boteach, «Obama's spinelessness and Trump's courage on Castro», The Jerusalem Post, 28/11/2016 (Boteach est un rabbin établi aux États-Unis).
(2) Aviel Bensabat, «En 2017, de lourdes décisions attendent les responsables politiques»,
Le Huffington Post, 27/12/2016.
(3) Niccolò Machiavelli,
Histoire de Florence, Maisonneuve, Paris, 1789, p. 258.

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