Trois ans après l'entrée en fonction du président Trump, on a maintenant le recul suffisant pour comprendre comment son esprit fonctionne.
D'abord, c'est un homme d'affaires, pas un homme d'État : il ne comprend pas que la diplomatie est un domaine compliqué où entrent en jeu des intérêts nationaux souvent divergents mais parfois communs, des rivalités économiques et des collaborations, des problèmes à résoudre localement ou multilatéralement (la crise climatique est un exemple), etc. Il ne connaît guère qu'une façon de faire, celle qui consiste à tordre le bras de son interlocuteur ou à le tromper.
Il n'a aucun sens du service public : son seul but à la Maison Blanche, c'est sa réélection. Dans son livre intitulé The room where it happened, John Bolton écrit : «j'aurais de la peine à identifier une seule décision significative de Trump durant mon mandat à la Maison Blanche qui ne soit pas motivée par des calculs de réélection» (1).
Il agit comme un psychopathe : le 20 juin, en pleine crise du Covid-19, il a organisé à Tulsa un meeting dans une salle réunissant 6'200 personnes alors que l'épidémie était en plein développement dans la ville. La question n'est pas de savoir si des gens vont tomber malades à cette occasion, avec le risque de mort que cela implique ; la question est combien. Apparemment, il s'en fiche. À noter que la salle peut accueillir 19'000 spectateurs, et cette relative désaffection semble montrer que beaucoup de ses partisans sont prudents, eux.
Les dictateurs lui conviennent : dans The room where it happened, Bolton écrit que Trump a dit au président chinois Xi que les camps de concentration où sont emprisonnés les Uyhgurs sont «exactement la bonne chose à faire» (2).
Il ment sans arrêt : le 1er juin 2020, le Washington Post a compté 19'127 mensonges et fables en 1226 jours, soit une moyenne de 15 par jour. Rien qu'au sujet du Covid-19, le journal en a dénombré 800 (3). Un livre bilan sortira bientôt sous le titre Donald Trump and His Assault on Truth: The President's Falsehoods, Misleading Claims and Flat-Out Lies («Donald Trump et ses remises en cause de la vérité : les contrevérités, les allégations trompeuses et les mensonges éhontés»).
Il est rusé, à en juger par ses activités d'homme d'affaires, mais il est aussi d'une stupidité confondante : en direct à la télévision, il a dit en avril 2020 qu'il faudrait étudier la possibilité d'injecter du désinfectant ou d'en faire boire aux malades du Covid-19 pour les soigner. À une autre occasion, il a dit qu'il faudrait étudier l'idée d'utiliser une lumière très forte à l'intérieur du corps ou à travers la peau (4).
(1) et (2) «John Bolton: Ten biggest claims in his Donald Trump book», BBC News, 20/6/2020.
(3) G. Kessler, S. Rizzo, M. Kelly, «President Trump made 19,127 false or misleading claims in 1,226 days», The Washington Post, 1/6/2020.
(4) Daniel Dale, «Fact check: Trump lies that he was being 'sarcastic' when he talked about injecting disinfectant», CNN, 24/4/2020.