Pour avoir tué un prisonnier irakien, le premier lieutenant Michael Behenna a été condamné à 15 ans d'emprisonnement pour meurtre au second degré (homicide volontaire non prémédité) par un tribunal militaire. Le président Trump lui a téléphoné en personne en mai de cette année pour lui annoncer qu'il l'amnistiait (1).
Pour avoir ordonné à ses hommes de tirer sur deux civils afghans en 2013, le premier lieutenant Clint Lorance a été condamné à 19 ans d'emprisonnement pour meurtre au second degré. Trump l'a amnistié le 15 novembre dernier (2).
Pour avoir tué un prisonnier afghan libéré, le major Mathew Golsteyn était sur le point d'être jugé pour cet acte, quand il a également été amnistié le 15 novembre (3), bien que le mot «amnistié» soit fallacieux ici vu que l'affaire n'avait pas encore été jugée.
Ces décisions posent plusieurs questions.
- Quand on accorde l'amnistie à un criminel de guerre, on approuve implicitement ce qu'il a fait. Trump est allé jusqu'à qualifier publiquement Golsteyn d'«héros militaire» (4).
- Les crimes de Lorance et Golsteyn ont été dénoncés par des membres de leur propre peloton, qui en ont été les témoins directs. Leur action est désavouée.
- Ceux des militaires qui respectent les lois de la guerre peuvent en conclure qu'ils font partie d'une armée qui n'est pas honorable.
- Ceux des militaires qui sont prêts à agir de manière criminelle y sont encouragés.
- Les ennemis des États-Unis peuvent en conclure qu'ils ont symétriquement le droit de faire pareil envers les citoyens américains.
- Il y a des bases militaires américaines dans près de 150 pays du monde. Les autorités locales ont maintenant des raisons de penser que, si un militaire de ces bases commet un crime contre une personne du pays hôte, il ne sera pas puni.
En Palestine, le problème ne se pose guère : la quasi-totalité des soupçons de crimes de guerre commis par des Israéliens ne donnent lieu à aucune mise en examen. Selon l'ONG israélienne B'Tselem, «les responsables restent impunis et les victimes ne sont pas indemnisées, sauf à de rares exceptions qui ne servent qu'à renforcer l'illusion d'un système d'application de la loi qui fonctionne» (5).
(1) AP, «Trump pardons former US soldier convicted of killing Iraqi prisoner», The Guardian, 7/5/2019.
(2) Michael A. Robinson, «Trump's pardon of two former Army officers has sparked new controversy. Here's why», The Washington Post, 17/11/2019.
(3) Ibid.
(4) Jeff McCausland, «Trump's new pardons beg the question: Is the American military just a 'killing machine'?», NBC News, 19/11/2019.
(5) B'Tselem, «No Accountability», https://www.btselem.org/topic/accountability, accès le 28/11/2019.