La Palestine, la Catalogne et l'Écosse 

Avec la perspective que la Catalogne ou l'Écosse réclament leur indépendance, on peut se poser la question : la situation est-elle la même qu'avec la Palestine ? La réponse est simple : pas du tout. 

D'abord, si rien ne change, l'Écosse et la Catalogne continueront d'être partie intégrante de leur «adversaire», le Royaume-Uni et l'Espagne. La Palestine, elle, est partie intégrante de son pays «père», la Palestine sous mandat britannique (1). On a donc affaire à une situation inverse : c'est si la Catalogne n'obtient pas sa souveraineté qu'elle reste espagnole, alors que la Palestine reste palestinienne (succède à la Palestine sous mandat) si elle obtient sa souveraineté, c'est-à-dire si l'occupation militaire israélienne cesse.

Ensuite, les Palestiniens forment un peuple du point de vue du droit international, ce qui les fait bénéficier du droit à l'autodétermination: «Tous les peuples ont le droit de disposer d'eux-mêmes» (voir Le droit des Palestiniens à disposer d'eux-mêmes). Les habitants de l'Écosse ou de la Catalogne, eux, forment une population, et, en droit international, il n'existe pas de droit à l'autodétermination pour une population. 

Par exemple, la population corse fait partie du peuple français, dans une France qui est, selon la formule, «une et indivisible». Si les Corses veulent obtenir l'indépendance de manière légale, le droit international ne peut pas les y aider, c'est le droit français qui est en cause. Il faudrait notamment modifier l'article 1 de la Constitution française, celui qui spécifie que la France est indivisible.

Mais la différence essentielle entre la situation de l'Écosse ou de la Catalogne et celle de la Palestine est très concrète: contrairement aux Palestiniens, les Écossais et les Catalans mènent une vie normale. Les militaires britanniques ou espagnols ne bloquent pas leurs déplacements au moyen de checkpoints et de routes interdites (2), ne détruisent pas leurs maisons et leurs champs au bulldozer, ne les emprisonnent pas sans jugement (3), ne les torturent pas (4), ne les tuent pas, etc. Du 19/1/2009 au 30/9/2017, les Israéliens ont tué 3'092 Palestiniens, contre 112 Israéliens tués par des Palestiniens (5).

(1) Elle occupait le territoire correspondant à peu près à Israël et à la Palestine actuelle (Cisjordanie et Gaza).
(2) B'Tselem, «Statistics on checkpoints and roadblocks», http://www.btselem.org/freedom_of_movement/old/copy%20of%20checkpoints, accès le 30/10/2017.
(3) B'Tselem, «Administrative detention», http://www.btselem.org/topic/administrative_detention, accès le 30/10/2017.
(4) B'Tselem, «Torture & abuse under interrogation», http://www.btselem.org/topic/torture, accès le 30/10/2017.
(
5) B'Tselem, «Fatalities after operation Cast Lead», http://www.btselem.org/statistics/fatalities/after-cast-lead/by-date-of-event, accès le 30/10/2017.

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